Indigo Dance Festival

Cette semaine marque un nouveau temps fort pour PAF avec la présence d’environ quatre-vingt danseurs venus du monde entier. Un défilé incessant de pyjamas et des centaines d’heures cumulées d’ateliers et de présentations transforment le lieu en une formidable ruche grouillante et bouillonnante. Je retrouve parmi les danseurs de bons amis de longue date et dois-je l’avouer aussi quelques muses qui me donnent du baume au coeur.

Hier soir, j’ai participé à un atelier où en duo ou trio, nous étions successivement des dead bodies – corps morts, inertes – et des marionnettistes. Tandis que l’un gît sur le sol, l’autre le déplace, le soulève, le porte ou le maintient. C’est un exercice très compliqué pour moi qui suit un peu complexé dans ma relation au corps. Sans les efforts constants de Svetlana pour me contraindre à dépasser mes limites, je pense que je n’aurais tout simplement pas passé la porte du studio de danse. Mais elle sait y faire, Svetlana, nous nous connaissons depuis tellement longtemps.

De manière assez inattendue, je suis plus actif cette semaine, et je participe à davantage d’ateliers et de présentations que durant les deux semaines précédentes (musique et philosophie). Je pense que les efforts consentis à améliorer mon cadre et mon hygiène de vie sont en partie responsables de cette acceptation de ma différence physique et me permettent de mieux communiquer avec mon environnement. En conséquence, je passe nettement moins de temps à écrire et je profite davantage de la ressource humaine présente au quotidien.

Avec mon amie Ele, nous sommes allés faire quelques emplettes à la communauté Emmaüs locale. Il est assez curieux que je n’aie pas fait cela plus tôt. Sept années passées dans le giron des communautés du Nord, à améliorer le confort de vie des compagnons et pas une seule fois je n’ai acheté le moindre bibelot. Il aura fallu que je tourne cette page de ma vie professionnelle pour enfin profiter des aubaines des magasins de seconde main. Je ressors avec quelques livres de bricolage, d’électricité et de littérature – notamment une anthologie de Boris Vian ! – tandis que Ele est tombée amoureuse d’un canevas représentant un paon et d’une photographie encadrée d’un chien très moche et donc hilarant.

Ele est une chorégraphe estonienne que je qualifie souvent de glaciale dans son rapport à autrui. Elle sourit peu, penche son regard scrutateur sur le monde et parfois quand on apprend à la connaître, on se rend compte qu’elle est débordante d’humour, d’un humour caustique et très fin duquel je me repais à foison. Ele travaille notamment sur la relation entre les danses nuptiales des animaux et la représentation langage corporel humain (scénographie, mouvement, signification…). Je lui écris ponctuellement des poèmes en anglais, ça ne la dérange pas.

L’activité logistique du lieu est importante pendant les semaines de festival du fait de la présence d’un grand nombre d’intervenants et de la nécessité de les loger et de les nourrir. Cela va de soi. Aussi avec mon équipe de choc, Ele et Hae Ju, nous lavons et étendons des draps une partie de la journée puis à l’heure des repas, nous aidons à la cuisine. Avec Hae Ju, nous avons entamé une correspondance épistolaire sur notre ménage à trois : le linge, Hae Ju et moi. Un personnage secondaire, la vaisselle, vient briser mon couple (avec le linge) tandis que l’insatiable Hae Ju les veut tous les deux, le linge et la vaisselle. J’envisage d’écrire un texte court qui synthétisera nos lettres échangées dans cette histoire surréaliste et très drôle. D’une certaine manière, cela rend les tâches ménagères plus palpitantes.

Du reste, Adriano et Emma, Marten, Linda, toute cette jolie tribu d’allumés à propos desquels il m’est déjà arrivé de parler au cours des précédents évènements, tous sont présents et cela est doux, et cela est bon.

 

A bientôt !

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