Treize novembre de merde

Maigre contribution à l’élan d’écriture sur les réseaux sociaux, ce poème se veut un exutoire des sentiments de colère et d’incompréhension ressentis ces derniers jours. Il n’apporte pas de réponses à l’ignominie et à la lâcheté des actes terroristes. Ce n’est pas le rôle du poète.

I.

En ce jour de deuil
déjà lendemain du drame
autre journée autre trame
je me tiens sur le seuil

un schéma et des couleurs
l’horizon les tâches qu’on entame
donner sens dans la douleur

apprécier la beauté du jour
malgré l’ignominie gravée au coeur
aspirer à ce que personne ne meure
allongé au milieu d’un carrefour

un pas devant l’autre, de l’amour
(ne pas rester seul)

II.

lire dans tes yeux la peur
de voir nos amis mourir
qu’ai-je à t’offrir
te serrer contre mon coeur

A Beyrouth des bras étreignent
et sauvent de précieuses vies
des gouttes de sang atteignent
les vitrines brisée le parvis

depuis l’abîme dans lequel l’humanité
s’est laborieusement embourbée
je recherche des paroles et des rires
et dans ma mémoire : juste moins souffrir

sans dieu, ni symbole, ni rien
nos bras unis et mêlées nos mains
annuler le temps se rendre disponible
croire encore que tout est possible

serions-nous seulement en manque d’affection
toute idéologie porte une marque d’infection

III.

Approcher lentement le point zéro de l’humanité
quelle différence est-ce que cela fait ?

engranger les bénéfices de la peur
compter sur la peine engendrée
capitaliser sur la douleur
au nom de quoi déjà ?

prophète ou dieu surtout des mots
des maux de tête, des têtes à claques
quelques cracs, surtout des cons
dès qu’on sait on vous rappelle
bip bip bip et boum.

frapper les infidèles hein, putain de stratège
bravo le sens de la conversion et la conversation

Tu nous as bien eu, quelle surprise imbécile
où sont les soldats, de quelle guerre s’agit-il
Là nos mains sont ouvertes et nous n’avons pas d’arme
quelle sorte de victoire est-ce de dépeupler Paname ?

je veux croire plus encore en l’humanité
ni en ton prétendu dieu ni en rien d’autre
convaincu que nous ne cèderons pas à la terreur
face à des cons explosés au nom d’une erreur
mille amoureux se célèbrent d’être vivant.

IV.

Cent quatre-vingt et des
pions sont tombés
quelle est la règle du jeu
(m’étais assoupi peut-être)
comment est-il seulement possible
que cette image m’apparaisse
humanité traitée comme des nuisibles
tu sais la douceur la tendresse
ce qui nous tient l’un l’autre
bientôt seront effacées

V.

pas même des monstres, des animaux
des êtres humains vilains pas beaux

si seuls qu’ils conduisent dans la nuit
à leur festin macabre nombre de vies
ils devaient manquer salement d’affection
pour réclamer à la fin autant d’attention

attention, s’il vous plaît
amas de corps démantibulés
lacune d’expression sincère
la solitude a explosé au nom de
au nom de la solitude s’explose
un type lui dit que ça aiderait
il est intelligent il dit il sait

le cerveau (putain il en faut pour tuer des gens !)
il a lu et il connait lui ce qui est écrit
encore mieux que l’auteur du bouquin d’ailleurs
– du coup !
parfois je me demande si l’auteur c’est pas lui

il explose son point de vue sur la place publique
laissant l’auditoire bouche bée (il les a séché)
imposer par la force les mots de vérité
paraît-il qu’elle est là sa légitimité ?

VI.

L’horreur est humaine.

Une réponse à “Treize novembre de merde”

  1. Avatar de Tuline
    Tuline

    Merci pour ces mots.
    j’aime te lire.

    pensées

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