Fée citadine

C’est elle
dans la nuit, quand elle rit
c’est elle
dans l’ennui, quand on prie
c’est elle

On ne l’accuse pas tant d’être belle
ni seulement d’être aimée
ni de ne pas assez parler
ni même d’avoir trop de sourires à donner

On l’envie peut-être pour autant de beauté
on a pas idée de répartir sur tout un corps
autant de petites perfections
ce sont des idées confuses
c’est elle la plus jolie.

Hébergée
Désolée
Condamnée
dans des coeurs en friches ou généreux
pour des buveurs de bière
ou pour les chanceux
certains en veulent faire une esclave
d’autres l’idolâtrer.

Ce qui est certain
c’est que c’est elle
elle est aimée.

Parfois, quand elle ne montre que son dos
on craint le pire
mais on le garde pour soi
peut-on avoir une plus grande crainte que de ne plus être vu
par mademoiselle notre amie ?

Elle a souri.
Elle a parlé, une belle conversation
avec des mots, avec de la vie
Elle a souri
c’était un cancer, une radiation, un gémeau, une radiation
Elle m’a souri.

Jouant le clown, pour mademoiselle
la divertir, elle a souri
je ne suis qu’acteur
marionnette du petit vent froid du soir
mes tremblements en saccades, accompagnés de mon sourire,
l’ont ravi, elle m’a souri.

Là, dans le ventre chaud
du maître serpent citadin
Monsieur Desnos me dicte l’amour
avec ses mots,
avec des rires, des pleures
et elle sourit.

Tu la connais la fée
celle qui loge dans le premier métro
celle qui allonge sur ton corps mille frissons
pour un seul de ses souffles
qui virevolte et s’essouffle pour vider de son eau
le corps que tu habites.
La fée aux yeux bleus, grands c’est leur qualité
car forts d’être beaux, ils imposent l’ardeur et l’envie
elle a souri.

Des fois,
j’ai peur de lui écrire,
parce que cela devient gênant,
la fée, son sourire, je ne veux pas qu’elle le perde
pour un érudit de mots divers d’été en hiver
qui perle et qui crache, qui pompe l’alcool
elle attend, se méprend
on l’attend, elle s’approche
c’est nous qui l’aimons
mais c’est elle qui nous aide
à lui sourire
ce n’est que de la passion, pas de la pression
Aime,
le bleu des cieux
le bleu des yeux
le bleu des cieux
le bleu de ses yeux
ces yeux !

Alors,
les rides s’animent
on lutte
on se crispe
on dessine des corps
des coeurs à vif
de roc, de chair, de plaisir

Elle s’avance s’élance

on la rattrappe,
pourvu qu’elle s’échappe
je ne saurais lui parler
non non non
je ne suis plus saoul
non ce ne sera pas facile d’en aimer une autre
pourtant bien qu’il faille ne plus y compter
à l’amour facile, ce sont ces filles que j’ai laissé
qui en fantômes tuent mon souvenir d’elle
la fée du supplice,
la tendre Eloïse, une autre miss
à quelqu’un je la suppose promise.

Elle, l’autre je ne la connais pas
mais je sais oui, c’est même certain que quelqu’un l’aime
pour autre chose que pour le sang
la passion se heurte à la voix
au rythme des sanglots, et le flegme des segments honteux

Isolons les faits, où sont les fées ?

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