17062004 – Edemnaison 01

Condamnez-moi à l’enfer
moi je n’veux pas rester
je ne veux pas souffrir vos manières
encore moins les supporter

Le poison injecté dans les lanières
de vos prétendues libertés
regardez-vous les plaies s’ouvrir pour vous complaire
il y a du sang dans vos artères l’auriez-vous oublié ?
condamnez-moi à l’enfer
si je veux bien rester

le canon de vos suppliques m’étonne
je suis de ces gens là qui ne disent oui, s’étonnent
que dans des moments où, las
d’écouter geindre des niaiseries
de la bouche de Jalousie
s’entendent les pleures et les chants
des rats de nos pays

condamnez-moi à l’enfer
j’y vais de plein gré
au moins je pense à vos frères
qui se sont assagis
qui ont soigné leurs misères
dans l’alcool et l’ennui
qui ont détruit leurs pairs
pour un ric de plus de vomi

Je lutterai contre votre poison
ma vie ne vaut pas ça
elle se battra avec moi
ou abandonnera et puis
je promets à vous autres
foutus ivrognes que je lutterai
pour votre cause jusqu’au non-dit
je regarderai vos tombes, vos cendres, l’oubli
je dirai aux autres
c’est ceux-là qui ont ri
de mes allures de garçonne effeminé fetard
j’arponnerai vos mômes
et les clouerai dans un lit de hasard
entre les pleures et la misère
ils gémiront : « pourquoi ? »
et une fois en enfer
j’me permettrai un « c’est comme ça
que sont morts les autres frères
de la communauté des connards, buveur de sang
buveurs de bières malheureux soiffards »

Condamnez-moi à l’enfer
vous ne pourrai pas m’avoir
je courrai droit tant si fier
de mon allure dérisoire
quand rattrapé par le poison
moi, foutu avare
j’ravalerai le poison une dernière fois
pour voir, la tête dans le sac
quatre pattes en l’air
prêt à bondir dans le noir
j’arpenterai une dernière fois
les comptoirs de la bière
y noierai mon désespoir

En repensant à vous autres
tantôt m’ayant condamné
repensant à tant d’autres
morts et oubliés
je sourirai à l’inconnue
qui s’ra venue me chercher
je lui lancerai d’un oeil nu
 » quelle beauté,
j’en ai connu des plus suaves, des plus sensuelles
des moins vivantes que toi mort impalpable
pour toi je bande une dernière fois »
va t-en crever que diable
misérable commère
je suis prêt à vous oublier tous,
pour autant que faire se peut
le souvenir ancré dans la chair
je me dirai encore ces kilomètres de bières
ingérées je vous les dois
pour autant qu’on a la foi
j’ai honte de n’être plus que l’être
qui parle de désarroi, qui a vu au-delà de l’être
ce que représente l’avoir
la prochaine fois qu’on me noie
je gouterai l’air avant.

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