Tu fais tout pour que j’aille mieux
mais tu n’as pas tout compris
à vrai dire nous en sommes tous là
c’est pour ça que je trouve ton geste touchant

tu m’ignores, comme le dernier des ennemis
la pire des sentences
comment t’en vouloir, moi je digère mes déboires
j’absorbe ce qu’on me paie
je digère la misère au prix cher des boissons bues

tu veux revenir, tu es invitée
tu veux m’oublier, je ne t’oblige en rien
tu veux gaspiller ton existence, à ta santé
tu te rends compte de tout ça, à ta santé

Tu ne me changeras pas
tant pis, tu es mon meilleur souvenir
et si encore tu dois t’en vouloir
dis-toi que tout le plaisir est pour moi

Il y a de la mort dans tout ce que je vis et respire
et tu n’y peux rien,
tu n’as été que sincère, et je n’ai été que sincère
alors qu’avons-nous à nous reprocher ?

Que tu partes définitivement
que tu reviennes, une semaine
j’y suis sensible certes
mais pas mortellement blessé

la mort m’a connu tantôt
je n’avais pas vingt ans
et tu n’imagines même pas ce que ça peut être
de vivre mort des années entières

Oui, il m’arrive de pleurer
mais il m’arrive de rire
je peux tuer, je préfère toujours sauver des vies
je peux mourir, je préfère encore lutter

On ne me tuera pas ce soir
du moins je l’espère
mon existence ne tient qu’à la lueur du regard de mon agresseur
mon existence ne tient qu’à la haine dans les yeux de l’humanité

mais je n’ai pas peur
je me dis que je finirai tôt ou tard
écroulé dans mon sang et dans l’urine d’un canidé
un peu dépassé par ses besoins naturels

tu sais, je n’ai pas peur
de ce qui peut advenir
un sourire,
un visage
un sexe peut-être et puis ?

L’amour ?
oui, je l’aime autant que la vaisselle
je n’ai pas changé, elle traîne toujours
dans l’évier.

Un coeur
qui bat
plein de sang
prêt à exploser

et ces gens jaloux
malades de désirer plus
tout le temps
sans plus se satisfaire de ce qu’ils ont.

Je vous hais
je vous aime
je vous déteste
mais je reste
par sympathie
peut-être
après tout
je n’ai pas
la vérité en tête.