Depuis cinq ans que des étudiants défilent dans cet immeuble
j’ai rarement vu et entendu pareil abruti. C’était un soir d’août
une adolescente débarquait en ville pour ses études.
Et derrière elle, le cortège habituel d’amis et de famille.
C’est dans ce contexte que j’ai rencontré le papa de la voisine d’en face.
Toc, toc, toc.
Les trois coups qui annoncent le début de la pièce.
– Ouais ?
– … ça fait longtemps que vous habitez ici ?
Un type d’une cinquantaine d’années, grisonnant au regard supérieur
du chef d’entreprise tenace et virile me délivre la sentence de trop.
La première.
– Hum.
– Cet appartement que ma fille occupe a été fracturé. Vous savez quand ?
– Nan.
– Il a bu ?! dit-il pour lui-même en direction de sa femme, elle-même terrorisée.
– Autre chose ?
– Ne vous approchez pas de l’appartement de ma fille.
– Pas de danger.
– Il est pédé en plus ?! sur le même ton.
J’étais sur le point de fermer la porte, et par la même occasion
cette discussion hautement littéraire quand il décide de bloquer la porte.
– Un problème ?
– Vous me parlez sur un autre ton !
– Non, non. Je discute pas avec ceux qui parlent mal, c’est plus simple.
– Qui est votre propriétaire ?
– Il est devant vous.
– Jouez pas au plus malin. Vous fumez quoi là ?
– Du tabac. Je peux fermer ma porte ?
– Je vous préviens, je n’aime pas les gens comme vous.
– Moi non plus.
Et m’adressant à la demoiselle :
– je fais un apéro chez moi ce soir. Tu es bienvenue.
Elle n’est pas venue. Bien sûr.
Mais le temps qu’il trouve le moyen de s’offusquer
et de proclamer une autre réplique philosophique
j’avais fermé la porte, éteint la clope, servi un autre gin
et mis le Greatests Hits des Smashing Pumpkins.
Encore une année où on ne risque pas de s’ennuyer
au troisième étage de mon immeuble.
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