PAF WUM 2013/14 06 et 07 – A Love Supreme

« A Love Supreme » est le titre d’un album de John Coltrane de 1964. Il s’agit d’un objet élémentaire dans l’histoire du jazz. Une porte par laquelle on accède à la compréhension et à l’appréciation de ce genre musical.

Je me suis levé à 11h45. J’ai allumé l’ordinateur et j’ai mis A Love Supreme. En gigotant un peu devant le miroir ou sur la chaise, je me suis remémoré quelques faits marquants d’hier soir. La main dans la main, épaule contre épaule, en tête à tête, joue contre joue et cetera. Les embrassades, les baisers.
Je me suis souvenu que j’étais, cinq minutes durant, une rock star un sceptre à la main. Sceptre scintillant, jouet en plastique clignotant. Cinq minutes durant, nous étions avec Emma, Adriano, Siri, Raphaël et Perrine le groupe Death by Guillotines, interprètes et auteurs de la chanson « Fish in your face ».

Je me rappelle le plaisir d’avoir mangé aux côtés de Emma, Adriano, Daniela et Mike. Je me souviens du menu :
apéritif : champagne et huîtres
entrée : confit de canard, salade, compote de pomme
plat : boeuf bourguignon, lentilles, piment
trou normand : colonel (vodka, sorbet citron maison)
dessert : crème dessert, coulis de framboise

Nous avons dansé, dansé et dansé et dansé et dansé.

J’ai parcouru l’astral au travers des produits qui m’étaient proposés. J’étais un rock star d’un soir, j’en ai profité. Nous aurons bientôt des photos et des sons peut-être.

Plus tôt dans la journée d’hier, j’étais le dealer de champagne. J’ai procédé à la distribution des bouteilles, à la gestion des stocks, de la température. J’ai pris un certain plaisir.

Plus tôt encore, nous avons organisé la deuxième session de poésie. Dans le jardin, à côté de Verena, je me sens bien. Il faut que je prenne du recul. Il faisait froid dans la chapelle ensuite lorsque Mathieu a récité un texte en estonien. Puis tout ce temps à préparer le repas du soir. Les tables, le concert, la répétition, la bouteille de whisky n’a pas tenu la soirée !

Au réveil, ce matin, après Coltrane, je rejoins les lève-tôt de midi. Siri et Marcus sont déjà en cuisine. Quels amours !
Plus loin je ressens la persistance d’une performance de Jan sur une composition célèbre de Vivaldi. L’ode à la joie ?

Mike a préparé du Bloody Mary. Cela fera l’affaire pour le petit déjeuner. Puis merguez, salade, pommes de terre sautées, salade, céleri, attablé aux côtés de Sveta, Mathieu et Verena. L’image du nid douillé a une signification concrète désormais. Je suis un oisillon rock star entouré d’amour et de volupté.

Le spectre du retour au rythme barbare du travail ordinaire me ronge un peu. Nous sommes le premier de l’an. Je veux être heureux. Même si quelque part, cette date est uniquement symbolique. Les choses n’évoluent malheureusement pas aussi facilement. Les choses.

J’écoute Coltrane, je bois un Bloody Mary et dans quelques heures, je prendrai part à la présentation de Marion – ah Marion !- , à l’installation de Louise – Oh Louise ! -, à la performance musicale de Raphaël – oui, aussi ! -, et je voudrais que ce moment dure une éternité +1.

Mais ce ne serait pas raisonnable.
Et je suis quelqu’un de raisonnable.
Ou pas ?